Carte d'identité

Président Donald James Umpleby III
Actionnaires principaux (janvier 2023): Capital Group (15, 88%), The Vanguard group (8, 9%), State Street Global Advisors (7, 7%), State Farm (3, 4%)
Marques Progress Rail, Solar Turbines, Perkins , SEM, CAT, CAT FINANCIAL, CAT REMAN, CAT RENTAL STORE, CAT LIFT TRUCKS, ANCHOR, ASIATRAK, FG WILSON, HYPAC, MAK, MWM, M2M, OLYMPIAN, TURNER POWERTRAIN SYSTEMS, YELLOWMARK, TURBOMACH , ELECTROMOTIVE
Comité d'entreprise européen oui

Ratios 2021

 
Marge opérationnelleMarge opérationnelleCet indicateur désigne ce que la firme gagne en moyenne sur chaque produit vendu. Il se calcule en divisant le bénéfice d'exploitation par le chiffre d'affaires. % 13,49
Taux de profitTaux de profitRapport entre le bénéfice et le capital investi ; il y a différentes manières de le calculer (bénéfice net par rapport aux fonds propres de l'entreprise ; bénéfice d'exploitation sur les actifs fixes ; et les marxistes estiment le rapport entre la plus-value créée et le capital investi). (en anglais : profit rate). % 37, 61
Taux de solvabilitéTaux de solvabilité(%) : ce ratio indique comment l'entreprise finance ses investissements. Il se calcule en divisant la dette à long terme par les fonds propres. Plus le ratio s'approche des 100%, plus l'entreprise dépend de l'argent prêté par des banques pour financer ses investissements. Si le chiffre dépasse les 100%... Il y a lieu de s'inquiéter puisque les investissements de l'entreprise dépendent davantage des prêts octroyés par les banques que d'argent directement versé par l'entreprise. % 157, 62
Taux de dividendeTaux de dividende(%) : ce chiffre exprime la part des bénéfices versée aux actionnaires sous forme de dividendes. Plus ce montant est important, moins la part des bénéfices qui vont rester dans l'entreprise (fonds propres) l'est. % 35, 92
Part salarialePart salarialePart salariale dans la valeur ajoutée (%) : la partie de la richesse créée par l'entreprise qui revient aux salariés. Lorsque nous disposons des chiffres, ce ratio se calcule en divisant les rémunérations par la valeur ajoutée. % 19, 54
Taux de productivitéTaux de productivitéou niveau de productivité (en euros) : il s'agit d'une estimation de la richesse marchande créée en moyenne par chaque salarié du groupe. Elle se calcule en divisant la valeur ajoutée par l'emploi. (€) 90.041
Fonds roulement netFonds roulement netC'est la différence entre le passif à long terme et l'actif à long terme (ou inversement l'actif à court terme et le passif à court terme). S'il est positif, cela indique que le passif à long terme est plus élevé que l'actif à long terme. S'il est négatif, cela suppose l'inverse, donc qu'une partie de l'actif à long terme est financé par des dettes à court terme. Cela peut être inquiétant, parce que cela veut dire que les banques doivent renouveler les crédits tous les mois, les trois mois… Elles peuvent à tout moment décider d'arrêter. Normalement, le but est d'avoir un fonds de roulement légèrement positif : négatif, cela pose le problème du financement des investissements à long terme ; trop positif, cela signifie que du passif, des fonds sont utilisés à des missions à court terme, par définition passagères, momentanées et normalement moins lucratives (en général le long terme l'emporte sur le court terme, sauf en période de crise). (€) 12 milliards

Observatoire des Comptes

Bilan

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Actionnariat du groupe 2023

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Actionnariat et contours
du groupe en Wallonie


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Nombre de salariés dans le groupe Caterpillar en Belgique en 2014 par site (en unités)

Caterpillar Belgium Charleroi machines 1862
Solar Turbines Europe Charleroi moteurs et turbines 493
Capital Group Services Charleroi finance 260
Caterpillar Special Services Belgium Charleroi informatique 105
Caterpillar Financial Services Belgium Charleroi crédit 1
Caterpillar Distribution Services Europe Grimbergen services transport 757
Groupe Caterpillar 3478

Historique

Une histoire de famille(s)

À la fin du 19e siècle, les deux frères Holt, Benjamin et Charles, originaires du New Hampshire, n’imaginent sans doute pas qu’ils sont sur le point de créer l’une des plus grandes multinationales du monde. Tout d’abord, les deux frères se lancent dans le commerce du bois. Rapidement, Charles Holt veut développer son entreprise. Il compte vendre du bois pour la fabrication de roues. Avec son frère, ils ouvrent une nouvelle entreprise : la Stockton Wheel Company [1] en Californie. Au fil du temps, Benjamin commence à s’intéresser aux moteurs des véhicules à traction et, avec son frère, ils développent une série de prototypes. Les frères Holt enchaînent les dépôts de brevets. En 1890, Benjamin présente un moteur à vapeur plus abouti que la plupart des modèles de l’époque. Au même moment, les frères Holt inventent également la « Side hill », une moissonneuse qui permet, grâce à un système de roues flexibles, une meilleure couverture de l’espace exploité. En 1904, le premier tracteur à chaînes rencontre un vif succès. Dans la foulée, la marque "Caterpillar" (chenille en anglais) est déposée par la Holt Manufacturing Company.

Boris Fronteddu*

Leur principal concurrent sur le marché des machines agricoles, Daniel Best décide, à 70 ans, de vendre son entreprise aux frères Holt. Il pose cependant une condition : son fils, Leo Best, doit prendre la tête de la succursale du groupe, la « Holt Manufacturing Company » implantée à San Leonardo. La trêve sera de courte durée. Le fils Best ne se satisfait pas de son rôle au sein de la firme Holt et décide de la quitter pour fonder sa propre entreprise : la C.L. Best Tractor Company. Les familles Holt et Best redeviennent les meilleures ennemies.
Quelques années plus tard, le groupe Holt décide d’établir son siège central dans l’Illinois, à Peoria, où ils prennent possession d’une nouvelle centrale de production. Parallèlement, les deux frères continuent de s’investir dans la recherche technologique et commercialisent de plus en plus de modèles de tracteurs.
Caterpillar au front
Au cours de la Première Guerre mondiale, la plupart de la production de l’usine de Peoria est destinée à l’usage militaire. Avant 1917, la Holt Company avait déjà vendu 1200 tracteurs à la France, à l’Angleterre et à la Russie. Lorsque les États-Unis entrent en guerre, les usines Holt sont mises à disposition du gouvernement américain. Les frères agrandissent leurs sites de production pour satisfaire la demande de l’armée américaine.
En tout, durant la Première Guerre mondiale, 5000 tracteurs sont fabriqués pour l’industrie militaire, en particulier à destination des armées américaines et britanniques.
L’armistice signé en 1918 fait lourdement vaciller l’entreprise. Le marché mondial de véhicules lourds est en situation de surproduction. La conjoncture d’après-guerre met également à mal leur vieux concurrent : Best Tractor Company.
C’est pourquoi, en 1925, Best et Holt décident de fusionner. L’opération donne naissance à « Caterpillar Tractor Company ». Forte des relations commerciales établies par les deux entreprises durant la guerre, Caterpillar Tractor Company s’emploie à créer un réseau de concessionnaires indépendants dans le but d’écouler leurs machines sur le marché international et de constituer un système global de « service après-vente » [2]

En 1929, les ventes de Caterpillar atteignaient 52 millions de dollars. En outre, le groupe a réussi à éviter le pire lors du krachkrachEffondrement subi d'une ou plusieurs places boursières à la suite d'une bulle financière. Il suscite souvent, chez les investisseurs, des conduites de panique qui amplifient cette situation de crise sur l'ensemble des marchés internationaux. L'exemple type du krach est celui qui affligea la bourse de Wall Street en 1929. (En anglais : stock market crash) boursier de la fin des années 20. En effet, en 1929, le groupe vend 2050 machines agricoles au groupement soviétique des producteurs de céréales. Cette commande a permis à Caterpillar de continuer à produire sans interruption même au cours de la Grande DépressionDépressionPériode de crise qui perdure, avec une croissance économique lente et un chômage important. C'est l'équivalent d'une crise structurelle. (en anglais : depression).. D’ailleurs, en 1930, l’usine de Peoria devient l’une des plus grandes structures industrielles des États-Unis. Une croissance dopée par le vaste projet d’infrastructures routières lancé par Franklin Roosevelt. À tel point que le nombre d’employés de l’entreprise va presque tripler au cours de la décennie.

En 1931, Caterpillar sort son premier modèle de tracteur à diesel, le « Diesel Sixty ». L’entreprise décide de se positionner à l’avant-garde de ce segment de marché qui est en constante évolution. Preuve en est, deux ans après le lancement de son « Diesel Sixty », Caterpillar fabrique deux fois plus de moteurs diesel que l’ensemble de ses concurrents américains. À l’heure actuelle, Caterpillar est l’un des leaders mondiaux dans le secteur des moteurs diesel. Ceux-ci représentent d’ailleurs près d’un tiers des ventes totales du groupe.

Peu avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, Caterpillar met définitivement un terme à sa production de tracteurs à essence. L’entreprise se centre progressivement sur ce qui deviendra sa marque de fabrique : des constructions lourdes, en particulier des engins de terrassement et de moins en moins des machines agricoles [3].
Une dynamique qui sera renforcée par la nouvelle guerre qui se profile à l’horizon. Caterpillar jouera à nouveau un rôle très actif dans la fabrication d’équipement militaire. L’entreprise fournit à l’armée américaine des tracteurs à chenilles, des niveleuses, des groupes électrogènes ainsi que des moteurs à diesel pour les chars d’assaut de type « M4 ». Environ 51 000 tracteurs de l’entreprise seront utilisés au front pour l’approvisionnement, mais également pour déblayer les débris et reboucher les cratères d’obus. Cependant, la plus grande contribution technologique de Caterpillar à l’industrie militaire au cours de la Deuxième Guerre mondiale est sans doute la conversion des avions à essence en avions à diesel.

À la fin du conflit, la demande mondiale de produits Caterpillar continue de se maintenir à un niveau vertigineux. En particulier en Europe et au Japon, dévastés par la guerre, pour réaliser de larges projets de reconstruction. Caterpillar n’arrive plus à suivre [4]. C’est pourquoi, en 1949, le groupe décide de lancer son premier plan d’expansion internationale. C’est la genèse de l’une des plus grandes multinationales au monde.

L’heure de l’internationalisation

En 1950, Caterpillar Tractor Company implante une filiale en Grande-Bretagne. Le but ? Faciliter la gestion des devises et contourner les droits de douane. Via cette première succursale outre-Atlantique, Caterpillar s’ouvre les portes du gigantesque marché du Common Wealth. Il s’agit là de la première étape de son internationalisation. Au cours des années 1950, Caterpillar va multiplier les acquisitions d’entreprises et les créations de filiales autour du globe. Au Brésil en 1954, en Australie en 1955 et en Écosse en 1956. Trois ans plus tard, le groupe ouvre son premier site en Belgique, à Grimbergen.

Au cours des années 60, le secteur de la construction est en plein boom aux États-Unis. En sept ans, près de 16.000 nouveaux employés rejoignent les effectifs de l’entreprise. En 1963 Caterpillar et le constructeur automobile japonais Mitsubishi collaborent et créent une filiale commune : « Caterpillar Mitsubishi Ltd. » [5]. Il s’agit de la première coentreprise implantée sur le territoire japonais incluant une entreprise américaine.
En 1967, le groupe implante une usine de production à Gosselies en Belgique. Caterpillar deviendra progressivement le deuxième plus gros employeur privé de Wallonie derrière Arcelor et le site de Gosselies, le plus important du groupe hors États-Unis [6]. Au niveau mondial, la croissance de l’entreprise semble inexorable.

À la fin des années 70, la production de Caterpillar Tractor Co. atteignait un niveau tel que l’entreprise proposait plus d’engins de construction, d’exploitations agricoles ou de transports que n’importe quel autre fabricant.

L’heure de la diversification…et des restructurations

À l’aube des années 80, Caterpillar encaisse un sérieux contrecoup. En 1982, l’entreprise enregistre une perte de 180 millions de dollars. Le groupe opère alors un large plan de restructuration global et licencie 29 431 employés en cinq ans. En vue d’être moins vulnérable aux fluctuations économiques, le groupe décide de diversifier davantage ses activités. C’est pourquoi, l’année suivante, le groupe octroie de nouvelles compétences à sa filiale Caterpillar Leasing [7]. Elle sera en mesure de proposer du financement et des assurances à ses clients ainsi qu’à ses vendeurs. Parallèlement, Caterpillar se lance dans les machines d’extraction minière et commercialise son premier modèle en 1984. Elle s’associera ensuite avec Elphinstone Pty Ltd [8] et deviendra l’entreprise proposant la plus large gamme d’équipement minier au monde [9]. Dans un souci de cohérence, Caterpillar Tractor Company change alors définitivement son nom en « Caterpillar Inc. ». D’ailleurs quelques années plus tard, Caterpillar se séparera définitivement de sa ligne de véhicules agricoles [10] en la vendant au groupe AGCO Corp.

Lorsque le Mur de Berlin est abattu en 1989, l’ex-URSS s’ouvre à la mondialisation. Caterpillar va donc, logiquement, se lancer à la conquête de l’Est. Cependant, l’ouverture de ce nouveau marché aura une incidence sur la réorganisation mondiale de sa production en vue d’en réduire les coûts. À titre d’exemple, le groupe délocalisera la production des produits mécano-soudés du site belge de Gosselies vers des filiales russes et polonaises. Et cela, bien que la productivité du site de Gosselies soit plus importante. En effet, installer cette production en Russie et en Pologne nécessitera 2,5 fois plus de personnel.
À la même époque, Caterpillar décide de réorganiser également la structure de l’entreprise, devenue une puissante multinationalemultinationaleEntreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d'une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères. (en anglais : multinational). Le groupe est alors divisé en plus de vingt unités indépendantes. Chacune est responsable de ses propres résultats, pertes et profits, qu’elle devra justifier auprès de la maison mère [11].
Au début du nouveau millénaire, le groupe continue d’acquérir des entreprises au niveau international. Parmi celles-ci : Perkins, MWM Holding Gmbh et Bucyrus International Inc. À cette époque le groupe décide de se concentrer sur le marché des pays émergents en particulier la Chine, l’Inde et la Russie.
En 2008 le groupe dépasse pour la première fois la barre symbolique des 50 milliards de dollars de chiffre d’affaires [12]. Malgré cela, la crise économique poussera vite le groupe à opérer de nouvelles coupes budgétaires. Pour anticiper la chute des ventes engendrée par la crise, le groupe lance, en 2009, un nouveau plan de restructuration. D’un point de vue global, Caterpillar annonce la suppression de 20 000 postes. Les 8.000 employés sous CDDCDDContrat à durée déterminée ainsi que les intérimaires seront les premières victimes de ce plan puisqu’ils ne verront pas de renouvellement de leurs contrats.
Parmi toutes les filiales visées par les restructurations : Caterpillar Belgium. La direction de la filiale carolo annonce, elle aussi fin 2013, une série de licenciements. Après neuf mois de discussion entre patronat et syndicats, rien n’y fait. 1 400 ouvriers, cadres et employés du site seront congédiés.
Or le PDG du groupe à l’époque, Jim Owens, avait annoncé que le groupe s’était fixé l’objectif de faire monter à 2,5 dollars le bénéfice par action Caterpillar. Pour réduire ses dépenses, Caterpillar a donc choisi de tailler dans l’emploi [13]. Et pour se faire, le géant mondial a, une fois de plus, fait jouer la concurrence entre ses différentes filiales autour du globe. Cette vague de licenciements ira de pair avec une réorganisation structurelle de l’entreprise. Désormais, toutes les unités de groupe incombent sous l’autorité directe du PDG de Caterpillar Inc.
Ces deux vagues de licenciements successives posent une question : Caterpillar va-t-il si mal que cela ? En réalité, entre 2004 et 2012 les bénéfices du groupe n’ont pas cessé d’augmenter (avec deux exceptions en 2009 et 2010 dues à la conjoncture). Une autre chose n’a jamais cessé d’augmenter et celle-ci, depuis 1925 : les dividendesdividendesRevenu de la part de capital appelé action. Il est versé généralement en fonction du bénéfice réalisé par l'entreprise. (en anglais : dividend). Depuis 1998, ils ont plus que quadruplé [14] !

*Chercheur Gresea

Fronteddu, Boris, "Une histoire de famille(s)", Gresea, avril 2015, texte disponible à l’adresse : http://www.mirador-multinationales.be/secteurs/machines/article/caterpillar


[1Elle sera rebaptisée la Holt Manufacturing Company en 1892.

[2Caterpillar Chronicle : The History of the World’s Greatest Earthmovers, Orleman E., pp.1-19, 2000

[3Caterpillar, Orleman E., pp. 8-17, 2006

[5Elle sera rebaptisée Shin Caterpillar Mitsubishi en 1987. Cette coentreprise est maintenant le deuxième plus grand producteur de matériel de construction et d’équipement minier au Japon.

[7Elle sera renommée Caterpillar Financial Services Cooperation.

[8Cinq ans plus tard, elle sera absorbée par Caterpillar et en deviendra une filiale

[10Elle ne représentait plus que 4% des ventes de Caterpillar

[11Caterpillar, The story of Caterpillar, Avril 2004, http://pdf.cat.com/cda/files/89616/9/Storyof

[1251, 324 milliards de dollars

Ligne du temps